dimanche 13 novembre 2011

My Washing Machine rencontre - Le théâtre sensoriel



Dans le cadre de la première soirée organisée par le nouveau bureau de My Washing Machine et un groupe d'étudiantes d'Icart Paris en janvier, nous avons sollicité des jeunes comédiens pour créer un spectacle de théâtre sensoriel. Petite interview de Raphaël Janvier, étudiant en théâtre, en tête du projet "Les yeux dans le noir" qui sera présenté pour notre soirée.

My Washing Machine :  Qu'est-ce que le théâtre sensoriel ?
Raphaël Janvier : Le théâtre sensoriel prône une approche différente de la narration d'une histoire théâtrale. Concrètement, il s'agit de faire appel à des sens que l'on ne sollicite pas d'ordinaire au théâtre, comme le toucher, l'odorat, le goût, ou encore d'autres facettes de la vue et de l'ouïe. L'autre principal aspect est de supprimer la distance omniprésente entre spectateur et comédien. D'ordinaire, au théâtre, l'illusion est sur le plateau, et le spectateur la contemple. Un spectacle de théâtre sensoriel va tenter de diluer l'illusion dans l'espace, de fondre le spectateur dedans. Ou plutôt de la créer de toute pièce tout autour de lui, comme monterait un brouillard.

MWM: L'imagination fait le reste ?
RJ : Oui, l'idée est de créer une illusion à partir de rien, juste des comédiens et de quelques accessoires. Cela laisse en plus une liberté superbe au spectateur. Cependant, notre but est d'être les sources de l'imaginaire, et non de le contrôler. Le spectateur se projette où son instinct, son imaginaire l'emmène. Il fait son propre voyage, en faisant appel à son vécu, ses souvenirs.. Le comédien prend alors la place de guide d'un monde auquel il appartient. Benoît Gasnier, metteur en scène de théâtre sensoriel aime à les appeler les « habitants » de l'espace de théâtre dont le spectateur deviendrait le « visiteur ». Le but pour nous est d'être les meilleurs guides possibles.

MWM :  Comment as-tu découvert cette nouvelle approche du théâtre ?
RJ : Par Benoît Gasnier justement. Lorsque j'étais au lycée, à Rennes, j'ai participé à un stage dirigé par une compagnie nommée « Le théâtre à l'envers ». Il s'agissait d'une semaine de travail pour un groupe d'une quinzaine de jeunes. Au cours de cette semaine, nous avons appris à appréhender le théâtre autrement, par les sens. Nous avons énormément experimenté le travail les yeux bandés, ou dans le noir complet. Ces exercices paraissaient très simple : examiner un objet les yeux bandés, sentir des odeurs, se déplacer à l'aveugle, toucher le visage, les mains de quelqu'un d'autre dans le noir. Le mot d'ordre était de savoir ce que les choses pouvaient raconter quand elles étaient examinées sous un autre angle. Ce stage s'est concrétisé par une mini-représentation au théâtre de l'Aire Libre, devant une cinquantaine de personnes.

MWM :  Qu'est-ce que cette forme de théâtre t'a apporté ?
RJ :  Cela a donné de la profondeur et un nouvel angle d'attaque à ma vision du théâtre. Il s'est révélé possible de bousculer les codes habituels du spectacle vivant, de le rendre interactif, prenant. C'est autant son côté participatif que sa profonde sensualité qui m'a séduit. Cette forme de théâtre permet de goûter aux choses plutôt que de les voir. Le théâtre en général m'intéresse parce qu'il me permet de me transfigurer, de vivre et de ressentir des choses que je n'aurais pas pu trouver ailleurs, et de faire marcher mon imaginaire comme jamais. L'idée que les spectateurs puissent être mis au même plan que moi, comédien, me plaît énormément. Après tout, le théâtre n'est que le rassemblement de gens dans un but commun, le loisir, l'histoire, et le plaisir. Sans distinctions.

MWM : Qu'est-ce que tu attends de ton expérience de janvier et de l'association ?
RJ : Il s'agit de quelque chose de très nouveau pour moi, je suis très excité. Je n'ai jamais mis en scène de spectacle quel que soit son importance ni dirigé de comédiens. C'est donc une première. Je suis également très heureux de pouvoir mener à bien un projet de cette envergure. J'en remercie donc My Washing Machine et les organisateurs qui font un travail remarquable. J'ai hâte de voir comment l'association va grandir et évoluer avec sa défense des jeunes artistes. J'ai hâte de constituer la « troupe » avec qui je vais travailler et d'expérimenter avec eux la richesse de leur bagage. Un tel spectacle se créée parce que chacun y ajoute sa créativité, sa richesse. Mon travail consistera à la réguler et l'organiser. Le challenge va maintenant être de savoir ce que nous allons pouvoir échanger avec les gens qui viendront à la soirée, ce que nous allons pouvoir leur apporter et ce qu'il nous offrirons en retour. J'espère surtout que nous saurons toucher les gens, les faire rêver le temps d'une soirée en leur montrant quelque chose de nouveau, en les guidant vers leur imaginaire. 

MWM : Et après janvier ?
RJ : Je vais finir mon année scolaire à l'école Claude Mathieu, tenter des concours, faire mon bout de chemin. Le stage avec « théâtre à l'envers » a donné lieu à une sélection de comédiens pour un projet de spectacle intitulé « The Generosity Experience ». Cet évenement rassemble quatre compagnies européennes sous l'égide de Enrique Vargas, metteur en scène Colombien et grand manitou du théâtre sensoriel avec sa compagnie « El teatro de los sentidos ». Un week end de travail par mois, chaque vacances de l'année scolaire, puis c'est la création en Belgique et deux mois de tournée en europe. C'est une chance énorme et je suis très heureux d'être du voyage. 

MWM : Un beau programme en perspective, et de belles promesses pour janvier ! Bonne chance pour la création du spectacle et merci d'avoir répondu à nos questions.


Propos recueillis par Léa Picot

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